Port-Ponant déroule, dans les habits de l’autofiction, les années d’adolescence de l’auteur, égrenées au fil de sept ans d’ « humanités » dans le lycée d’une grande ville du littoral atlantique mal identifiable. Cette cité portuaire n’est superposable à aucune réelle, pas plus Le Havre que Brest, Nantes ou Bordeaux, mais pourtant tout autant, car elle les contient toutes, en une composition unique. Les années cinquante, faites de ruines de guerre, circuits maritimes exsangues, fantômes d’outre-mer rafistolés, crachin et moisissures, servent de décor à un parcours de lycéen prompt à magnifier, dans l’hymne et la caricature, matières d’enseignement, profs et condisciples. Émois et espoirs, pris entre dictionnaire Gaffiot et correspondante allemande. La ville imaginée mais pas imaginaire y prend corps et parfois âme, créant sa géographie. Pierre Sansot (« La poétique d’une ville ») aurait aimé. Un lieu géométrique charnel.

2005, éditions Joca Seria, isbn 2-84909-045-6
21 €, disponible chez l’éditeur

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